Essais cliniques antirétroviraux – Actualités

Mortalité cardiovasculaire chez les adultes infectés par le VIH aux Etats-Unis: 1999-2013
Feinstein MJ et al.
Am J Cardiol. 2016 Jan 15;117(2):214-20.

1st June 2016, by Dr Anton Pozniak

Avec l'utilisation des ARV à large échelle, les patients infectés avec le VIH aux Etats-Unis ont une espérance de vie suffisante pour présenter des maladies non associées au sida. Le VIH est associé à un risqué élevé de complications cardiovasculaires en raison des facteurs de risque cardiovasculaire traditionnels, de l'inflammation induite par la virémie résiduelle malgré le traitement antirétroviral, et de la toxicité des ARV. Aucune étude sur une large population aux USA n'a évalué les aspects de mortalité cardio-vasculaire chez les sujets infectés par le VIH.

L'hypothèse principale de cette étude était que la mortalité relative par maladie CV (mortalité CV/mortalité globale) chez les patients VIH avait augmenté entre 1999 et 2013. Les auteurs ont utilisé la base de données des CDC pour les recherches épidémiologiques (WONDER) fournissant sur internet les données de santé publique aux Etats Unis pour évaluer la mortalité CV relative entre 1999 et 2013 dans la population VIH, la population générale et celle des patients avec polyarthrites inflammatoires. Le groupe avec polyarthrites inflammatoires a été inclus comme témoin positif. WONDER fournit des données sur les certificats de décès des résidents aux USA, incluant la cause de décès, jusqu'à 20 causes secondaires additionnelles et les données géographiques et démographiques. Les certificats de décès de tous les décès survenant à l'hôpital et en dehors de l'hôpital des résidents aux USA sont enregistrés.
Le critère principal de l'étude était la mortalité CV relative entre 1999 et 2013. Seuls les adultes âgés d'au moins 25 ans lors du décès étaient inclus dans l'analyse. L'évaluation se faisait ainsi : sélection des “maladies du système circulatoire” (codes I00 à I99 de la CIM-10) comme cause principale du décès, puis sélection de toutes les causes de décès (CIM-10) comme cause principale du décès, et division du nombre de décès CV par le nombre de décès toutes causes pour déterminer la mortalité relative, stratifiée sur le sexe selon la race et/ou le groupe ethnique. L'analyse secondaire était réalisée par sous-type de décès CV : AVC, IDM, arythmie, insuffisance cardiaque. Des modèles de régression linéaire ont été utilisés pour évaluer les tendances de la mortalité relative entre 1999 et 2013 dans chaque groupe ; la pente ( ß ) était utilisée pour évaluer la tendance évolutive au cours du temps (modification de la mortalité relative par année), avec une valeur de significativité statistique de p < 0,05.
La mortalité globale dans la population infectée par le VIH a diminuée passant de 15 739 en 1999 à 8 660 en 2013; cependant la mortalité CV a augmenté de 307 à 400 durant la même période. Comparativement à la population générale, les patients VIH décédés de complication CV étaient plus fréquemment des hommes, noirs, plus jeunes, de milieu urbain, et étaient décédés en milieu médical. Les patients VIH décédant de cause CV étaient plus âgés que ceux décédant de toute cause confondue.
La mortalité CV relative de la population VIH augmentait significativement entre 1999 (1,95%) et 2013 (4,62%) (p < 0,0001); ce résultat était retrouvé quelque soit la race, plus particulièrement chez les hommes (p < 0,0001) que chez les femmes (p = 0,0028). En revanche, la mortalité CV relative diminuait, entre 1999 et 2013, dans la population générale et chez les patients avec polyartyhropathies inflammatoires, d'environ 40% et 30%.
Dans une analyse de sensibilité, la mortalité relative par maladie coronarienne augmentait d'un facteur 3 chez les patients VIH, passant de 0,8% en 1999 à 2,5% en 2013 alors quelle diminuait dans la population générale, de 22,8% en 1999 à 14,6% en 2013.

En conclusion, les maladies CV sont devenues une cause croissante de décès chez les patients VIH depuis 1999, avec une mortalité CV relative augmentant d'un facteur supérieur à 2 entre 1999 et 2013. Comprendre les risques évolutifs de décès dans la population infectée par le VIH est essentiel pour fournir des informations sur la prise en charge clinique des patients infectés par le VIH, ainsi que pour la prévention et le traitement des maladies CV.


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