Essais cliniques antirétroviraux – Actualités

Prévention efficace de la transmission de résistance aux inhibiteurs d'intégrase dans la Swiss HIV cohort
Scherrer AU et al.
J Infect Dis. 2016 Aug 1;214(3):399-402

4th January 2017, by Pr François Raffi

La prévalence de la résistance transmise aux inhibiteurs d'intégrase (INI) pourrait augmenter avec l'utilisation de plus en plus fréquente de ces ARV.

Cette étude a analysé la prévalence de la résistance transmise aux INI dans la Swiss HIV cohort entre 2008 et 2014. 1316 patients ont eu au moins un test génotypique réalisé sur le gène de l'intégrase avant la première exposition à un INI (a été sélectionné pour cette étude le test génotypique le plus ancien). Les échantillons antérieurs à 2008 ont été regroupés en un seul groupe. La liste des mutations de résistance retenue était celle de IAS USA 2015 en distinguant les mutations mineures (T66AK, L74 M, E92G, T97A, E138AK, G140AS, and R263K) et majeures (T66I, E92Q, F121Y, Y143CHR, S147G, Q148HKR, and N155H). Afin de prendre en compte la réversion possible des mutations de résistance transmises en l'absence de pression de sélection médicamenteuse, une sous-analyse a inclus uniquement les tests génotypiques réalisés chez les patients naïfs récemment infectés.

La période après l'introduction des INI (2008-2014) a été comparée à celles après l'introduction des INNTI (1998-2004), des IP non boostés (1996-2002) et des IP/r (1999-2005). L'échec du traitement était défini comme au moins une charge virale > 500 copies/ml (après 180 jours de traitement continu ou de suppression virologique préalable), suivie par une modification ou un arrêt du traitement. Parmi les 1316 échantillons chez des patients naïfs d'ARV, 1 seul (0,1 %) présentait une mutation majeure de résistance transmise aux INI (T66I, sur un échantillon de 2001). Les mutations mineures les plus fréquentes, probablement de polymorphisme, étaient L74M (17/1316 [1,3 %]) et T97A (16/1316 [1,2 %]). Les mutations mineures étaient plus fréquentes chez les sous-types non B que les sous-types B (24/466 [5,2 %] vs 14/850 [1,6 %] ; p<0,001, par test de Fisher). Au cours de la période 2008-2014, la prévalence des mutations mineures était stable bien que l'utilisation des INI augmenté régulièrement. Les résultats étaient similaires quand l'analyse était restreinte aux patients récemment infectés (aucune mutation majeure sur 303 échantillons). La faible prévalence retrouvée peut être expliquée par le faible nombre de patients potentiellement transmetteurs de résistance aux INI (ainsi entre 2008 et 2014, seuls 85 patients ont présenté un échec virologique sous ARV comportant un INI dans l'ensemble de la base de données de la Swiss HIV cohort). Cette observation diffère de ce qui a été observé après l'introduction des classes précédentes d'ARV pour lesquelles plus d'échecs virologiques sous traitement avec des souches résistantes étaient observés et où la transmission de souches résistantes étaient observée plus rapidement. Ainsi, dans les 7 ans après l'introduction des IP non boostés, des IP/r et des INNTI, le nombre de patients qui ne répondaient pas à ces différentes classes d'ARV étaient 18,2 fois, 5,7 fois et 7,2 fois plus élevés que pour les INI.

Conclusion : Dans une étude réalisée sur l'ensemble d'une population traitée dans un pays, cette étude montre qu'il est possible d'éviter la résistance transmise à une nouvelle classe d'ARV, et ce pendant des années.

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