L’infection à cytomégalovirus (CMV) est fréquente chez les patients infectés par le VIH mais son impact sur l’évolution des cellules CD4 et CD8 après initiation du traitement ARV combiné reste mal étudié. La cohorte française Dat’Aids a inclus 5 688 patients sous première ligne de traitement ARV combiné, parmi lesquels ont été sélectionnés les patients ayant obtenu une suppression virologique pendant au moins 12 mois sans modification du traitement ARV et pour lesquels le statut sérologique CMV était disponible. 503 patients remplissaient les critères de sélection (74 % hommes, âge médian 43 ans, 15,5 % au stade C du CDC) parmi lesquels 444 (88,3 %) étaient séropositifs pour le CMV. Dans les analyses multivariées utilisant des modèles mixtes linéaires ajustés sur le délai d’obtention de la suppression virologique VIH, le sexe, l’âge, la cause de transmission et la durée du suivi, l’interaction entre le délai pour l’obtention de la suppression virologique VIH et le statut CMV+ et le nadir de CD4 montrait une corrélation négative entre le statut CMV+ et le ratio CD4:CD8 (coefficient = -0,16 ; p=0,001). Cette corrélation était également observée chez les patients obtenant une récupération optimale des CD4 (> 500/mm 3 à M12 ; coefficient = -0,24 ; p=0,002).
Ainsi, le statut sérologique CMV positif joue un rôle négatif sur la normalisation du rapport CD4:CD8.
Cependant, des analyses complémentaires de l’impact des comorbidités associées avec le statut CMV+ tel
que l’infection VHC sont nécessaires pour mieux comprendre cet effet négatif du CMV. Cependant, ce résultat pourrait refléter une sénescence cellulaire T prématurée, plaidant pour une surveillance plus rapprochée des cellules T chez les patients co-infectés par le CMV. De plus, ces résultats soulèvent la question du bénéfice d’un traitement de l’infection CMV asymptomatique chez les patients infectés par le VIH.