Essais cliniques antirétroviraux – Actualités

La rosuvastatine ralentit la progression de l’athérosclérose infra clinique chez les patients traités pour l’infection VIH
Longenecker CT et al.
AIDS. 2016 Sep 10;30(14):2195-203

5th December 2016, by Pr François Raffi

Objectif : Déterminer l’effet des statines sur la progression de l’athérosclérose infra-clinique dans une population d’adulte infectée par le VIH sous antirétroviraux.

Méthodes : SATURN-HIV était un essai clinique randomisé en double aveugle de 96 semaines comparant 10mg/jour de rosuvastatine (n=72) ou un placebo (n=75). Les participants étaient des sujets infectés par le VIH d’au moins 18 ans sans maladie coronarienne connue ou diabète mal contrôlé, sous traitement antirétroviral stable depuis au moins 3 mois avec un ARN VIH <1 000 copies/ml. Les critères d’inclusion étaient un taux de LDL cholestérol ≤ 130mg/dL (≤ 3,36 mmol/L) et la présence d’une activation cellulaire T élevée (CD8+CD38+HLA-DR+ ≥ 19 %) ou une inflammation mesurée par une C réactif continu ultra-sensible ≥ 2mg/L (≥ 19 mmol/L). La randomisation a été stratifiée par l’utilisation de l’inhibiteur de protéase et par la présence ou l’absence de CAC au screening. A J0, S48 et S96, tous les participants ont eu une échographie haute résolution des artères carotides. Le dernier centimètre distal de l’artère carotide commune était évalué avec 3 angles (antérieur, latéral, postérieur) de manière bilatéral. Le mur postérieur de l’épaisseur de l’intima média de l’artère commune carotidienne a été mesuré par un seul opérateur. A J0, S48 et S96, tous les participants ont également eu un scanner non injecté thoracique pour le score CAC. Plusieurs marqueurs d’inflammation systémique d’activation monositaire, d’activation endothéliale et coagulation ont été mesuré dans le plasma à la visite initiale : interleukin-6 (IL-6), récepteur I et II du facteur α de nécrose tumorale soluble (sTNFR-I et II), molécule 1 d’adhésion cellulaire vasculaire soluble (sVCAM-1), molécule 1 d’adhésion intercellulaire soluble (sICAM-1), sCD14 et sCD163, cystatine C plasmatique, C réactive ultra-sensible, fibrinogène, D-dimères. Les modifications de la valeur moyenne de l’épaisseur de l’intima média de l’artère carotide commune étaient le critère de jugement principal. L’étude avait la puissance de détecter une différence moyenne entre 0 et 96 semaines de l’épaisseur de l’intima média de 0,118 mm avec une puissance de 84 %. Les critères secondaires étaient les modifications du LDL et du CAC. Pour mesurer l’effet de traitement par statine, la modification de l’épaisseur de l’intima média (par rapport à la valeur initiale) était analysée en utilisant un modèle flexible, linéaire à effet mixte.

Résultats : l’âge médian des patients était de 46 ans (Q1 : 40, Q3 : 53) ; 78 % étaient des hommes et 68 % des afro-américains ; 49 % étaient sous inhibiteur de protéase. Vingt-huit des 147 participants (9 sur rosuvastatine, 19 sur placebo) ont retiré leur consentement ou ont été perdu de vue avant la visite S96, aucun pour événement indésirable. La modification moyenne du LDL cholestérol à S24 était -24 (IC 95 % : -29 à -18) mg/dL [-0,62 (-0,75 à -0,47) mmol/L] dans le bras rosuvastatine. Dans le modèle multivarié linéaire à effet mixte, le traitement par statine était associé avec une progression significativement moins importante de l’épaisseur de l’intima média de l’artère carotide commune à 96 semaines [0,019 mm (IC 95 % : 0,002- 0,037mm), p=0,03]. La différence de modification de l’épaisseur de l’intima média entre statine et placebo était significativement différente à S48 (p=0,025) et presque significative à S96 (p=0,061) malgré une progression moyenne annualisée de l’augmentation de l’épaisseur de l’intima média dans le groupe placebo plus faible que celle qui avait anticipé [0,015 (IC 95 % : 0,005-0,025) mm/an]. Il n’y avait pas de relation significative selon le niveau des biomarqueurs d’inflammation d’activation immune sauf pour une association presque significative pour la molécule d’adhésion cellulaire vasculaire soluble (SsVCAM-1) (p=0,065). Parmi les 73 participants (40 sous statine, 33 sous placebo), sans calcium coronarien détectable à J0, il n’y avait pas de différence dans le cas détectable après 96 semaines de statine (15 % vs 6 %, p=0,19). Parmi les 45 % (22 sous statine et 23 sous placebo), avec un CAC détectable à baseline, il n’y avait pas de différences dans la modification moyenne du CAC entre J0 et S96 [12 (IC 95 %, -2,6 à 28) vs 37 (IC 95 % : 8 à 67) pour statine vs placebo ; p=0,61] mais l’utilisation des statines étaient associés avec une augmentation significativement moins importante de l’épaisseur de l’intima média de l’artère carotide commune dans ce sous-groupe de patient avec CAC détectable [-0,017 (-0,060 à 0,026) mm vs. 0,041 (0,001 à 0,081), pour statine vs placebo ; p=0,023].

En conclusion, la rosuvastatine à une dose de 10mg/jour entraine une baisse significative du LDL cholestérol et diminue de manière substantielle la progression de l’épaisseur de l’intima média de l’artère carotide commune chez les patients traités pour le VIH. Les études futures devront déterminer si les patients avaient des niveaux plus élevés d’inflammation ou d’activation immune en bénéfice supérieur du traitement par statine.


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