Essais cliniques antirétroviraux – Actualités

Traitement antirétroviral pour la prévention de la transmission du VIH-1
Cohen M et al.
N Engl J Med. 2016 Sep 1;375(9):830-9

22nd November 2016, by Pr Pedro Cahn

L'essai HTPN 052 a inclut 1 763 couples sérodiscordants dans 13 centres dans 9 pays. La majorité des couples étaient hétérosexuels (97 %) et 94 % étaient mariés. Les participants avec infection VIH-1 avaient un taux de CD4 entre 350 et 550/mm3. Les couples étaient randomisés en 2 groupes. Dans le groupe traitement immédiat, les participants VIH+ initiait le traitement antirétroviral lors de l'inclusion. Dans le groupe traitement différé, les participants VIH+ commençait le traitement antirétroviral lorsque le taux de CD4 diminuait sur 2 contrôles successifs à moins de 250/mm3 ou s'il y avait une manifestation sida.
Lors de l'analyse intermédiaire réalisée en mai 2011, après un suivi médian de 1,7 an, le traitement antirétroviral immédiat était associé avec une réduction de 96 % de la transmission VIH-1 (lié génétiquement) par rapport au traitement antirétroviral différé. Cette analyse intermédiaire a également montré le bénéfice du traitement antirétroviral précoce sur l'évolution clinique du participant VIH+. Suite à ces résultats et à la décision du comité indépendant, à partir de mai 2011, tous les participants VIH+ qui n'étaient pas encore sous traitement antirétroviral ont été mis sous traitement antirétroviral quelque soit leur taux de CD4. L'essai a continué jusqu'en mai 2015 pour évaluer la persistance de l'effet du traitement antirétroviral sur la transmission du VIH-1. Ce nouvel article présente les résultats finaux de l'essai HTPN 052.

Résultats :
Dans le traitement antirétroviral immédiat, 886 participants ont commencé le traitement ARV à l'inclusion et 877 l'ont débuté de manière différée.
La durée médiane de suivi était de 5,5 ans (extrême, 0,0 to 9,9) pour le traitement immédiat et 5,5 ans (extrême, 0,1 à 9,9) pour le groupe de traitement différé. Les participants VIH+ ont été suivi pour une durée de 10 031 personne-années. Les partenaires ont été suivis pour une durée de 8 509 personne-années. Parmi les partenaires, 78 infections VIH-1 ont été observé durant l'étude (incidence annuelle 0,9 % ; intervalle de confiance 95 % : 0,7 à 1,1). Le lien génétique patient-partenaire a été déterminé pour 72 des 78 cas (92 %). Parmi ces 72 cas, 46 étaient liés génétiquement (3 dans le groupe traitement immédiat et 43 dans le groupe traitement différé ; incidence : 0,5 % ; IC 95 % : 0,4 à 0,7), 26 n'étaient pas reliés génétiquement (14 dans le groupe traitement immédiat et 12 dans le groupe traitement différé ; incidence : 0,3 % ; IC 95 % : 0,2 à 0,4).Le traitement ARV immédiat a été associé avec une réduction de 93 % du risque d'infection VIH génétiquement lié chez le partenaire par rapport au traitement ARV différé (hasard ratio : 0,07 ; IC 95 % : 0,02 à 0,22). Aucun cas d'infection relié génétiquement n'a été observé lorsqu'une infection VIH-1 était contrôlée de manière stable par le traitement ARV chez le participant VIH+.
Parmi les 46 infections reliées génétiquement du partenaire (3 dans le traitement immédiat et 5 dans le traitement différé) ont été diagnostiqué après que le participant VIH+ est initié le traitement ARV : dans 4 sur 8 cas, le partenaire a été diagnostiqué VIH+ moins de 90 jours après que le participant VIH+ ait débuté le traitement ARV, des analyses complémentaires suggérant que ces 4 cas d'infection sont survenus probablement avant que l'infection soit virologiquement contrôlée chez le participant VIH+. Dans les 4 autres cas, l'infection du partenaire a survenu après échec du traitement ARV chez le participant VIH+. Une utilisation dans moins de 100 % des rapports sexuels étaient associés avec un risque accru à la fois des infections reliées génétiquement et de l'ensemble des infections VIH acquises chez les partenaires séronégatifs à l'entrée dans l'étude. En résumé, dans ces 8 cas, le participant VIH+ était probablement virémique au moment de la transmission du VIH-1. La relation entre virémie et transmission du VIH-1 souligne l'importance des conseils de prévention concernant le risque potentiel de transmission du VIH avant obtention d'une charge virale indétectable chez le partenaire et d'une surveillance rapprochée de la charge virale sous traitement ainsi qu'une prise en charge rapide en cas d'échec du traitement ARV.

Conclusion :
L'initiation précoce du traitement ARV a conduit à une diminution prolongée des infections VIH-1 génétiquement reliée chez les partenaires sexuels des patients VIH+. Les résultats finaux de cette étude HPTN 052 montrent que l'obtention d'une charge virale indétectable sous traitement VIH-1 est un moyen très efficace pour la prévention de la transmission sexuelle du virus.


Copyright AEI 2020 | Links | Contact | Editorial Office | Faculty and Disclosure | Terms of use aei