Essais cliniques antirétroviraux – Actualités

Risque de cancer avec les traitements antirétroviraux comportant des IP ou des INNTI : étude D:A:D
Bruyand M et al.
J Acquir Immune Defic Syndr. 2015 Apr 15;68(5):568-77.

9 november 2015, by Pr François Raffi

L'étude D:A:D est une étude prospective constituée par la collaboration de 11 cohortes en Europe, en Australie et aux Etats-Unis. Les informations sur tous les événements sida, incluant tous les cancers sida, ont été fournies prospectivement sur une base annuelle depuis le début de l'étude en 1999.

Dans ce travail ont été évaluées les associations entre l'utilisation cumulative (par année) de traitement ARV ou d'IP/INNTI, et l'incidence de tous les cancers, les cancers non liés au sida, les cancers sida, et des plus fréquents cancers sida (sarcome de Kaposi, lymphome non Hodgkinien) et non sida (poumon, anal invasif, cancer de la tête/du cou, et lymphome de Hodgkin).

Toutes les cohortes participantes ont collecté les informations prospectivement sur les cancers non sida à partir de 2008 ou plus tôt ; les informations ont été aussi collectées rétrospectivement sur les événements survenus entre le 1 er janvier 2004 et le 31 janvier 2008. Les informations détaillées sur chaque cancer non sida ont été collectées. Les participants D :A :D ont été suivis jusqu'au premier diagnostic de cancer, ou jusqu'au 1 er février 2012, ou jusqu'au décès, ou 6 mois après la dernière visite. Les modèles de régression de Poisson ont été utilisés pour évaluer les associations entre l'incidence des cancers et l'exposition cumulative au traitement ARV, défini comme tout schéma comportant un IP ou un INNTI. Les analyses initiales ont considérées les associations entre l'exposition cumulative et tout traitement ARV, puis les modèles ultérieurs les associations avec l'exposition aux IP et INNTI séparément.

Les modèles ont été ajustés sur le sexe, les cohortes participantes, le mode de transmission du VIH, le groupe ethnique, tous cancers précédents (comme covariables fixes) ; l'âge (comme covariable continue, ajustée sur le temps) ; l'année calendaire, l'index de masse corporelle, un antécédent de sida, le statut VHB et VHC, le tabagisme (comme covariables ajustées sur le temps). Les analyses de sensibilité ont vérifié si les conclusions étaient modifiées après ajustement sur soit la taux de CD4 initial ou au nadir (valeur ajustée sur le temps).

Un total de 41 762 patients a contribué à cette étude, soit 241 556 personnes-années (PA). Un total de 1 832 cancers ont été diagnostiqués [taux d'incidence : 0,76/100 PA (intervalle de confiance 95 % : 0,72-0,79)], 718 cancers sida [0,30/100 PA (0,28-0,32)] et 1114 cancers non sida [0,46/100 PA (0,43-0,49)]. Une exposition plus longue au traitement antirétroviral était associée avec un risque plus faible de cancer sida [rapport de taux ajusté : 0,88 par année (0,85-0,92)] mais avec un risque plus élevé de cancer non sida [1,02 par année (1,00-1,03)]. Les IP et les INNTI étaient tous deux associés avec un risque plus faible de cancer sida [IP : 0,9 par année (0,92-1,00) ; INNTI : 0,86 par année (0,81-0,91)]. L'utilisation des IP était associée avec un risque plus élevé de cancer non sida [1,03 par année (1,01-1,05)]. Bien que risque était essentiellement lié à une association avec un cancer anal [1,08 par année (1,04-1,13)], l'association persistait après l'exclusion des cancers anaux [1,02 par année (1,01-1,04)]. Aucune association n'a été observée entre l'utilisation des INNTI et les cancers non sida [1,00 par année (0,98-1,02)].

En conclusion, l'utilisation cumulative des IP peut être associée avec un risque plus élevé de cancer anal et possiblement des autres cancers non sida. Des investigations plus approfondies des mécanismes biologiques sont justifiées.

Copyright AEI 2020 | Links | Contact | Editorial Office | Faculty and Disclosure | Terms of use aei