Essais cliniques antirétroviraux – Actualités

Expansion des cellules CD8 et inflammation associées à la coinfection CMV chez les patients VIH traités par antirétroviraux
Freeman ML et al.
Clin Infect Dis. 2016 Feb 1;62(3):392-6.

20th march 2016, by Dr Anton Pozniak

Contexte. Une expansion persistante des lymphocytes T CD8, un rapport CD4/CD8 bas et une élévation des marqueurs inflammatoires sont constatés chez les patients VIH traités par antirétroviraux et sont associés à une augmentation de risque de comorbidités. Cette étude a évalué le rôle de l'infection à cytomégalovirus (CMV) dans la lymphocytose CD8 et l'inflammation chez les patients VIH traités par antirétroviraux.

Méthode. Le taux de lymphocyte T CD4 et CD8 absolu ont été comparé entre 32 patients VIH séronégatifs pour le CMV et 126 contrôles infectés par le VIH et séropositifs pour le CMV appariés sur l'âge, les CD4 et le sexe ainsi que chez 21 contrôles non-infectés par le VIH (9 séronégatifs pour CMV et 12 positifs). Des marqueurs inflammatoires plasmatiques étaient mesurés sur un sous-groupe de patients par ELISA.

Résultats. Les patients infectés par le VIH étaient sous traitement antirétroviral depuis une durée médiane de 3,15 années et avaient un ARN VIH plasmatique indétectable (le plus souvent < 50 copies/ml). Le taux médian de lymphocytes T CD8 était plus élevé chez les patients VIH CMV positifs (795/mm 3 ) que chez les patients VIH CMV négatifs (522/mm 3 , p = 0,006) ou chez les contrôles non VIH (451/mm 3 , p = 0,0007), le taux de lymphocytes CD8 n'étant pas différent entre les patients VIH CMV négatifs et les sujets sains VIH- (p > 0,99), suggérant que l'augmentation des lymphocytes T CD8 circulants constatés chez les patients VIH sous traitement antirétroviral est spécifiquement associé à la coinfection CMV. De la même manière, la coinfection VIH CMV était associée à un taux significativement plus bas du rapport CD4/CD8 que celui observé chez les patients VIH CMV négatifs (p = 0,004). Dans la mesure où à la fois l'augmentation des lymphocytes T CD8 et la baisse du rapport CD4/CD8 sont associés à une moins bonne évolution clinique chez les patients VIH traités par antirétroviraaux, ces résultats suggèrent que la coinfection CMV est un possible élément important dans la survenue des comorbidités non-sida chez les patients infectés par le VIH traités par antirétroviraux. Les taux plasmatiques de l'IP-10 (p = 0,0011), du récepteur 2 du TNF (p = 0,0002), et des D-dimères (p = 0,0444) étaient aussi plus élevés chez les patients coinfectés VIH CMV que chez les patients VIH non coinfectés par le CMV. Les taux plasmatiques d'IL-6, un marqueur associé aux comorbidités chez les patients VIH traités n'étaient pas différents (p = 0,8389) entre les patients VIH coinfectés ou non par le CMV. De la même façon, le taux de CD14 soluble était comparable chez les patients VIH CMV+ ou CMV- suggérant que la coinfection CMV n'a pas de rôle important pour la translocation microbienne/ activation monocytaire chez les patients VIH traités par antirétroviraux.

En conclusion, l'infection CMV était associée avec des taux plus élevés de lymphocytes T CD8, résultant dans un rapport CD4/CD8 plus bas et avec une inflammation systémique accrue chez des patients VIH traités par antirétroviraux. L'infection CMV pourrait être un facteur important dans la survenue des comorbidités chez les patients VIH traités par antirétroviraux

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