Essais cliniques antirétroviraux – Actualités

Utilisation d'abacavir et risqué de maladie cardiovasculaire chez les personnes infectées par le VIH
Marcus JL et al.
J Acquir Immune Defic Syndr. 2016 Apr 1;71(4):413-9

5th September 2016, by Pr Pedro Cahn

Les résultats sur l'association entre l'utilisation de l'abacavir (ABC) et les maladies cardiovasculaires (MCV) chez les personnes infectées par le VIH sont contradictoires. Les études précédentes pourraient avoir été biaisées par l'initiation ou la poursuite préférentielle de l'ABC chez les patients avec trouble de la fonction rénale.

Une étude de cohorte a été menée à la Kaiser Permanente en Californie entre 1998 et 2001, avec suivi de tous les adultes VIH+ initiant un traitement ARV jusqu'à la survenue de la 1ère MCV (atteinte coronarienne ou AVC), sortie du programme de santé, décès ou fin de l'étude. Une pondération de probabilité inverse a été utilisée pour réaliser un modèle structurel marginal afin d'estimer le rapport entre les taux de risqué (hazard ratio) de MCV en comparant les schémas avec et sans ABC.
Un score de propension a permis de prendre en compte les données démographiques, les facteurs VIH spécifiques, et les facteurs de risqué CV tels que la consommation de drogues et d'alcool, de tabac, le surpoids et l'obésité, de diabète, l'utilisation d'hypolipidémiants et de traitement antihypertenseur, ainsi qu'un insuffisance rénale (DFGe < 60 ml/min/1,73 m2).
Il existait de légères différences entre les patients recevant ou non de l'ABC en ce qui concerne les facteurs de risque CV à l'initiation du traitement ARV, dont le tabagisme au cours de la vie (53% vs 50%, p = 0,15), la consommation d'alcool (14% vs. 13%, p = 0,65), l'usage de drogues (17% vs. 18%, p = 0,63), le diabète (4,8% vs. 3,9%, p = 0,22), le traitement antihypertenseur (23% vs. 20%, p = 0,045), le traitement hypolipidémiant (8,8% vs. 6,2%, p = 0.011), et un DFGe <60 ml/min/1.73 m 2 (7,0% vs. 3,3%, p < 0,001).
Les patients sous ABC étaient infectés par le VIH depuis en moyenne 2,3 ans de moins que ceux initiant le traitement ARV sans ABC (3,1 vs. 5,4, p < 0,001), avec des CD4 plus élevés (345 vs. 297/microL, p < 0,001) et une CV VIH moyenne plus basse (3,7 vs. 4,1 log 10 copies/ml, p < 0,001), mais étaient plus souvent prétraités par d'autres ARV avant la mise sous cART (28% vs. 15%, p < 0,001). L'utilisation de l'ABC a diminué au cours de la période d'étude.
Parmi les 8154 individus, 178 ont présenté au moins 1 événement CV, dont 24/704 (3,4%) dans le groupe ABC et 154/7450 (2,1%) dans le groupe débutant les ARV sans ABC. Dans l'analyse ajustée, l'ABC était associé à un risque 2,2 fois plus élevé de MCV dans l'analyse en intention de traiter (HR : 2,2, IC 95% : 1,4 à 3,5 ; p = 0,001), 2,7 fois plus élevé dans l'analyse mi intention de traiter/per-protocole (patient restant sous leur traitement initial au moins 1 an) (HR : 2,7, IC 95% : 1,5 à 5,0 ; p = 0,001), et non significativement plus élevé dans l'analyse per-protocole (HR : 2,1, IC 95% : 0,95 à 5,0 ; p = 0,11). Le risque de MCV augmentait après 3 ans de traitement comportant de l'ABC.

En conclusion, l'ABC était associé à une augmentation globale d'un facteur 2 du risque de maladie CV, ceci n'étant pas expliqué par l'existence d'une insuffisance rénale ou des autres facteurs de risque CV.

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