Essais cliniques antirétroviraux – Actualités

Le risque de transmission du VIH persiste au cours des 6 premiers mois du traitement antirétroviral
Mujugira A et al.
J Acquir Immune Defic Syndr. 2016 Aug 15;72(5):579-84

5th October 2016, by Dr Anton Pozniak

Objectif :
Le traitement ARV diminue le risque de transmission sexuelle du VIH en supprimant les concentrations sanguines et génitales d'ARN VIH. Cependant, le risque de transmission du VIH peut persister avant l'obtention de la suppression virologique complète.

Méthode :
L'étude Partner PrEP est une étude de cohorte prospective chez 4 747 couples sérodiscordants hétérosexuels au Kenya et en Ouganda, les couples étant sexuellement actifs et projetant de rester en couple pour la durée de l'étude. Les partenaires VIH+ n'avaient pas d'indication à recevoir le traitement ARV selon les recommandations nationales, au moment de l'inclusion. Durant le suivi, ces patients avaient un bilan régulier clinique et immunologique et étaient mis sous traitement ARV s'ils devenaient éligibles pour celui-ci, initialement pour un taux de CD4 < 200/mm3 (Kenya) ou < 250/mm3 (Ouganda) ,valeur de CD4 révisée à ≤ 350/mm3 dans les 2 pays en cours d'étude. La prise d'ARV par les partenaires VIH+ et les pratiques sexuelles rapportées par les 2 membres du couple ont été évaluées tous les 3 mois. Tous les participants ont reçu des informations sur la prévention VIH, incluant des recommandations individuelles et pour le couple pour la réduction du risque de transmission sexuelle, la distribution gratuite de préservatifs, ainsi que le dépistage et le traitement des IST. Au niveau de tous les sites participants, les femmes non infectées par le VIH recevaient des conseils en matière de contraception ainsi que des contraceptifs gratuits. Plusieurs marqueurs du risque de transmission VIH au cours des premiers mois après le début du traitement antirétroviral ont été évalués : délai d'obtention d'une charge virale indétectable dans le sang, persistance de l'ARN VIH dans les sécrétions génitales, pratiques sexuelles, incidence de la grossesse, et transmission du VIH utilisant une analyse de survie et une régression logistique. A l'inclusion, tous les 6 mois et à la fin de l'étude, une mesure de l'ARN VIH plasmatique était réalisée chez les partenaires infectés. Des échantillons au niveau du col utérin étaient recueillis à l'inclusion, tous les ans et à la fin de l'étude. Des échantillons de spermes étaient recueillis à la visite du 6 e et du 12 e mois. Les tests sérologiques VIH pour les partenaires non infectés étaient réalisés tous les mois, l'association génétique en cas de transmission VIH était réalisée par séquençage du gène pol. La durée du suivi a été établie à partir de la date où le traitement antirétroviral a été institué.

Résultats :
Parmi les 2 184 personnes VIH+ éligibles pour le traitement antirétroviral, 1 817 (83 %) ont débuté le traitement ARV (1 062 femmes et 755 hommes) dont 1 592 ont pu être suivies pour une durée de 474 personne-années pour évaluer le délai d'obtention de la charge virale indétectable. La probabilité cumulée d'obtenir une charge virale indétectable (<80 copies/ml) 3, 6 et 9 mois après l'initiation du traitement ARV étaient de 65,3 %, 84,8 % et 89,1 % respectivement. L'ARN VIH était détectable dans les sécrétions endocervicales et du sperme dans 12 % et 21 % des échantillons obtenus dans les premiers 6 mois du traitement ARV. Parmi les 454 échantillons génitaux recueillis lorsque l'ARN VIH était indétectable dans le plasma (<40 copies/ml), l'ARN endocervical était détecté dans 8 % des cas avec une valeur médiane de 3,14 log 10 copies/échantillon (IQR, 2,88-3,53). Lorsque l'ARN VIH était détectable dans le sang, l'ARN VIH endocervical était détecté dans 23 % des échantillons. Parmi les 132 échantillons de sperme recueillis lorsque l'ARN VIH était indétectable dans le sang, 9 % avait de l'ARN VIH détectable dans le sperme avec une valeur médiane de 2,60 log 10 copies/mL. Lorsque l'ARN VIH était détectable dans le sang, l'ARN VIH du sperme était détecté dans 42 % des échantillons. L'incidence de la grossesse était de 8,8 pour 100 personne-années au cours des 6 premiers mois du traitement ARV et des rapports sexuels sans préservatif étaient rapportés dans 10,5 % des visites. Parmi les partenaires initialement non infectés, l'incidence du VIH après début du traitement ARV était de 2,08 pour 100 personne-années (55 infections ; 2 644 personne-années), 1,79 au cours des 6 premiers mois suivant l'initiation du traitement ARV (3 infections ; 168 personne-années) et 0,00 (IC 95 % : 0,00-2,00) au-delà de 6 mois suivant la mise au traitement ARV (0 infection ; 167 personne-années). Les 3 cas d'infections VIH survenant malgré le traitement ARV du partenaire étaient des cas de transmission homme-femme reliés génétiquement et sont survenus avant l'obtention d'une charge virale indétectable dans le sang et les sécrétions génitales.


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