Essais cliniques antirétroviraux – Actualités

Pas d'évidence que l'infection par le VIH-1 de sous-type C compromet l'efficacité des traitements contenant du ténofovir : étude de cohorte au Royaume-Uni.
White E et al.
J Infect Dis. 2016 Nov 1;214(9):1302-1308

9th February 2017, by Dr Anton Pozniak

Il a été suggéré que les schémas ARV contenant du ténofovir (TDF) pouvaient avoir une efficacité diminuée sur les sous-type C du VIH, en raison de la capacité de ces virus à développer une mutation de résistance majeure associée au TDF.

Méthode : Nous avons évalué si le sous-type de VIH influençait les taux d'échec virologique dans une cohorte de patients recevant une 1ère ligne de traitement ARV avec TDF au Royaume-Uni. Un total de 8746 patients ont été inclus parmi lesquels 6149 (70,3 %) avaient un sous-type déterminé : 4123 sous-type B, 823 sous-type C et 1203 non-B non-C. Les sous-types non-B non-C les plus fréquents étaient A (n=272), CRF02_AG (n=267), G (n=118), CRF01_AE (n=114), autres CRF (n=90) et D (n=80). Les patients infectés avec un sous-type B étaient majoritairement de race blanche (82,7 %) et homosexuels (85,0 %) alors que ceux du sous-type C étaient principalement noirs (70,2 %) et hétérosexuels (79,2 %). Globalement, 74,4 % des schémas ARV de 1ère ligne comportaient un INNTI (principalement efavirenz) et 25,6 % comportaient un IP/r. Les traitements ARV de 1ère ligne étaient globalement comparables pour les différents sous-types bien qu'il y ait proportionnellement un pourcentage plus élevé de sous-type B recevant de l'efavirenz et proportionnellement plus de sous-types C recevant du LPV/r. La durée médiane de suivi était de 3,3 années (IQR : 2,02-4,9). L'échec virologique était défini comme la 1ère de 2 charges virales consécutives (moins de 6 mois entre les 2) > 200 copies/ml après 6 mois de traitement ARV. Le suivi était censuré au dernier point de mesure de charge virale ou à l'arrêt du TDF sans tenir compte des changements des ARV associés.

Résultats : Globalement, 309 (5,7 %) des patients infectés par le sous-type B, 142 (9,8 %) de ceux infectés par le sous-type C et 173 (9,5 %) de ceux infectés par le sous-type non B non C ont présenté un échec virologique. Dans les analyses non ajustées, le taux d'échec était environ 2 fois supérieur chez les patients infectés par le sous-type C par rapport à ceux infectés par le sous-type B (HR 1,86; IC 95 % : 1,5-2,31; p<0,001). Ce risque accru était diminué de manière importante dans les analyses ajustées sur les paramètres démographiques et cliniques (HRa 1,14; IC 95 % : 0,83-1,58; p=0,41). Les courbes de Kaplan-Meier confirmaient l'absence d'association entre la survenue de l'échec virologique et les sous-types viraux, après ajustement sur les facteurs de confusion potentiels. Les facteurs ayant le plus d'influence pour expliquer les différences dans l'effet estimé du sous-type entre les analyses non ajustées et les analyses ajustées étaient le groupe de transmission (plus faible taux d'échec virologique chez les homosexuels masculins) et l'ethnicité (plus faible taux d'échec virologique chez les blancs et les asiatiques). Il n'y avait pas de différence entre le sous-type C et les sous-types non B non C dans les analyses univariées ou multivariées. Un génotype de résistance était disponible chez 260 des 624 patients (41,7 %) ayant présenté un échec virologique. Des mutations de résistance associées au TDF, principalement la mutation K65R, étaient observées significativement plus fréquemment pour le sous-type C (22,7 %) que pour le sous-type B (6,1 %) ou les sous-types non B non C (8,1 % ; p=0,0003).

Conclusion : il n'y a pas d'effet intrinsèque du sous-type viral sur l'efficacité des schémas ARV contenant du TDF. Cependant, chez les patients infectés avec un sous-type C qui ne répondent pas au traitement, la probabilité de sélectionner la mutation K65R est plus élevée. Une explication de ce phénomène pourrait être que dans le contexte d'un traitement optimal la réponse au traitement n'est pas affectée par une mutation spécifique. Par contre, si l'observance est suboptimale ou la mise en évidence de l'échec virologique est retardée ou réalisée à un niveau élevé d'ARN VIH plasmatique, alors la mutation au TDF survient plus rapidement chez les sous-types C que chez les sous-types B.

Copyright AEI 2020 | Links | Contact | Editorial Office | Faculty and Disclosure | Terms of use aei